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PRÉSENTATION DE L’ACTEUR 

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Jean-Michel Frodon est critique et journaliste de cinéma depuis 1983. Il a notamment travaillé pour Le Point, Le Monde et Les Cahiers du Cinéma. Professeur à Sciences Po, Jean-Michel Frodon a écrit et dirigé environ 25 livres sur le cinéma.


 

SON RÔLE DANS L’ÉCOSYSTÈME :

 

En tant que journaliste et critique, Jean-Michel Frodon a pour habitude d’écrire sur les films, mais également sur les conditions dans lesquelles ils existent, sont montrés et circulent.

Le critique de cinéma est une personne qui propose une lecture d’un ou plusieurs films, qui sera publiée essentiellement dans la presse écrite.

 

 

SA VISION DE L’ÉCOSYSTÈME :

 

  • Le rôle de la “salle” de cinéma

 

Pour Jean-Michel Frodon, la salle de cinéma occupe une place centrale dans le système français. En effet, elle a un rôle fondateur en tant que lieu d’apparition des films, mais aussi de validation de ces derniers en tant qu’objets cinématographiques (et non pas seulement audiovisuels). En plus d’une dimension économique, la salle possède donc aussi un côté symbolique puisqu’elle singularise les films : ils sont créés en premier lieu pour elle.

Pour lui, il est essentiel de garder la salle comme premier lieu de destination des films, même s’ils seront diffusés sur d’autres supports par la suite. Il affirme la nécessité de construire un rapport entre une certaine façon de faire du cinéma et l’idée de la salle comme lieu privilégié du cinéma.

 

  • L’arrivée de la SVOD

 

Frodon est convaincu que l’arrivée de la SVOD ne tuera pas le cinéma français, qu’elle ne fera pas exploser le système. En effet, il affirme que cela fait 60 ans qu’à chaque nouvelle innovation technologique, le système panique, craignant sa fin. Exemplairement, c’est ce qu’il s’est passé avec l’invention de la TV. Et pourtant, il s’adapte, se modifie, et in fine tient bon parce qu’il se passe quelque chose dans la salle de cinéma qui ne se passe pas ailleurs. Ainsi, c’est pourquoi Frodon affirme que “le cinéma, jusque-là, c’est une continuité en permanente évolution.”
 

  • Sur la chronologie des médias

 

Frodon distingue deux sujets différents: celui du principe même de la chronologie des médias, et celui de la manière dont ce principe est mis en place. Pour lui, c’est ce dernier point qui fait débat. En effet, il indique que de nombreux acteurs pensent qu’elle n’est plus adaptée à l’environnement actuel français. Des acteurs internationaux (tel que Netflix) s’y sont en effet insérés, sans pour autant être forcément assujettis aux lois françaises. Cela crée des déséquilibres, qui impacte le bon fonctionnement de la chronologie des médias.

 

A la question de savoir s’il s’agit d’un système tenable à moyen et long terme, Frodon affirme qu’il s’agit tout simplement de volonté politique. Tant que le gouvernement et le CNC décideront de garder la chronologie des médias, elle tiendra.

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  • Netflix vs Amazon

 

Il souligne une différence de comportement entre Netflix et Amazon, par rapport aux films et salles de cinéma. Amazon n’est pas dans une logique de profits massifs à court terme mais plutôt d’économie du prestige, de visibilité, de défense de la salle. En effet, tous les films Amazon ont vocation à sortir en salle.

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A l’inverse, Netflix challenge la sacralité de la salle Pour Frodon, c’est dangereux, et il pense qu’à moyen/long terme, Netflix devra adhérer à la philosophie française et sortir ses films en salle. Parce qu’à un moment donné, ils seront aussi gagnants à ce que leurs films s’insèrent dans ce qui fait que les gens aiment le cinéma. Ainsi, Frodon croit qu’à l’usage, la prééminence de la salle de sautera pas au profit de Netflix. Pour lui, c’est plutôt le géant qui devra s’adapter. De plus, il affirme que les salles de cinéma française ont aujourd’hui ont largement les moyens de tenir bon face à Netflix.

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  • Accords Canal +

 

Même si ça reste d’être plus compliqué avec Bolloré, Frodon s’attend très largement à ce que l’accord avec Canal+ soit reconduit fin 2019. Il sera renégocié et modifié bien entendu, mais pour l’essentiel continuera - sauf cas extrême où Vivendi serait au bord de la faillite.
 

  • Volonté de libéraliser le cinéma français / l’exception culturelle française

 

La libéralisation du cinéma français n’est pas souhaitable selon Frodon. Depuis les années 80, il y a eu moultes tentatives qui allaient dans ce sens là et qui ont échouées. La Commission de Bruxelles tente souvent de faire tomber les régulations nationales. Et pourtant, ces régulations permettent de faire exister des films qui n’existeraient pas sinon.

C’est quelque chose qui marche: cela rapporte à la fois de l’argent mais aussi de la valeur politique, culturelle et du soft power.

 

Quant à l'exception culturelle, il constate qu’on ne peut pas parler d’une exception culturelle française. En effet, elle n’est en soi ni française, ni bulgare, ni chinoise. C’est un principe juridique, mis en œuvre par des pays. L’exception culturelle est un principe qui aujourd’hui est en soutien à peu près unanime de tous les gouvernements européens.

JEAN-MICHEL FRODON

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