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PRESENTATION DE L'ACTEUR

Mathieu Debusschère est le délégué général de l’ARP depuis fin 2016.

Diplômé de Sciences Po Paris, Mathieu a un parcours professionnel riche d’expériences diverses. Il a notamment été chargé de mission des relations institutionnelles du groupe Canal Plus, collaborateur auprès du conseiller Culture & Communication du gouvernement de François Hollande, ainsi qu’en charge des contenus éditoriaux et multimédias pour La Quinzaine des Réalisateurs. Mathieu Debusschère a également travaillé sur des tournages de films.


 

SON RÔLE DANS L'ÉCOSYSTÈME :

 

Le rôle du délégué général de l’ARP consiste à réfléchir à comment le système de financement, de régulation, et la production de cinéma peut évoluer dans les années à venir, afin que les cinéastes soient au fait de ces évolutions. Il s’agit ainsi de réfléchir à des sujets d’intérêt général sur le long-terme, plutôt que de seulement défendre des positions à court-terme. L’ARP ne se comporte donc pas comme un syndicat au sens corporatiste.


 

SA VISION DE L'ECOSYSTEME :

Mathieu Debusschère souligne que le système arrive à un tournant, et qu’il est donc nécessaire de faire évoluer le système actuel pour le pérenniser. Il faut trouver un système qui préserve la salle, tout en faisant évoluer les modalités d’exploitation, notamment sur la disponibilité des films au delà de Paris.

  • Sur la chronologie des médias :

L’ARP ne défend pas un Day and Date au sens strict, mais est en faveur d’un rapprochement de la fenêtre de la SVOD, plus proche de celle de la sortie en salle. Cela signifie un avancement de toutes les fenêtres. Toutefois, une sortie SVOD en même temps qu’une sortie salle n’est pas envisageable, puisque que les plateformes  comme Netflix ou Amazon n'investissent pas dans le cinéma français à la hauteur des montants de Canal +. Ils ne peuvent donc pas passer devant des acteurs qui financent plus.

En collaboration avec la Commission Européenne et Wild Bunch, l’ARP a mis en place un système d’expérimentations. Le programme “Spide and Tide” visait à expérimenter les diffusions préalables à la salle : tant qu’un film n’est pas exploité en salle, il ne rentre pas dans la chronologie des médias et n’a pas à respecter les délais imposés par les autres fenêtres. Le projet a cependant rencontré des réticences de la part des distributeurs : pour eux la création de valeur se fait encore principalement en salle. Ils craignent un boycott de la part des exploitants. Le dernier film d’Albert Serra, La mort du roi Louis XIV en est un exemple. De telles expérimentations ne sont donc possibles pour l’instant qu’avec des films à faible potentiel en salle.

  • Sur l’exploitation en salle :

 

Il est important de conserver la place centrale de la salle dans le système du cinéma français. La sacralisation de la salle permet de créer de la valeur. Toutefois, des problèmes se posent aujourd’hui sur cette question, car les exploitants gardent les films de moins en moins longtemps à l’affiche, et bloquent ainsi l’évolution du film face à son public. L’utilisation du numérique dans les salles de cinéma facilite la programmation et déprogrammation rapide de films selon leur succès. Les films sont donc de plus en plus “lessivés”. Ne pas donner sa chance à un film en salle assez longtemps tend à créer de la frustration auprès du public et encourage le piratage.

 

Les salles labellisées Art et Essai sont de plus en plus challengées par les gros exploitants, comme Pathé. En effet, ces derniers appliquent désormais une logique de “long tail” pour attirer des spectateurs. Cela signifie qu’ils ont pour objectif d’avoir le plus de films possibles à l’affiche, même si cela signifie qu’il ne sont diffusés qu’une semaine. C’est problématique puisque cette logique ne permet pas d’amortir les films dans le temps et ainsi d’assurer leur rentabilité. À l’inverse, les salles Art et Essai prennent moins de films mais les accompagnent sur plusieurs semaines, en créant des évènements autour de leur diffusion, c’est un modèle à suivre.


 

  • Sur le piratage :

 

Le piratage est un enjeu majeur pour l’ARP, tout comme pour l’ensemble de la filière.

  • Sur la SVOD et Netflix :

Par leur stratégie agressive, Netflix démontre que la chronologie des médias en France n’est plus adaptée à la réalité des usages actuels.

 

Pour l’instant, Netflix n’a effectué que des achats de films en France. Etant donné les incertitudes quant à l’évolution du système de financement de cinéma français, son intégration dans la chaîne de financements n’est pas à exclure.

 

  • Sur Amazon :

 

Amazon utilise le cinéma comme un produit d’appel. Ils se placent sur une logique plus traditionnelle et respectueuse du cinéma et surtout de la salle. Ce positionnement est plus accepté que Netflix dans l’industrie et leur venue à Cannes en 2016 avec Café Society de Woody Allen s’est fait sans contestation de la part des exploitants français. Le financement qu’Amazon accorde à ses projets de long-métrages est moins important que Netflix, mais s’étend à plus de films.

  • Sur Canal + et les chaînes TV :

 

Dans le cadre des accords signés avec la filière, Canal + s’est engagé à participer à la diversité du cinéma français : cela inclut le financement de premiers films, de deuxièmes films, ainsi que de films au devis inférieur à 4 millions d’euros. Or, des acteurs tels Netflix risque de remettre en cause cette diversité.

 

L’avenir de la contribution des acteurs audiovisuels au financement du cinéma est également remise en cause : comme le système évoluerait-il si les chaînes de TV n’ont plus besoin d’utiliser les fréquences hertziennes de l’Etat, base de leurs obligations d’investissement ?

Dans ce cadre, le rôle de l’ARP est  d’anticiper ces possibles évolutions, dans l’optique d’assurer la pérennité du financement du cinéma.

  • Sur la remontée des recettes : 

 

La remontée des recettes est un vrai problème pour les auteurs réalisateurs : de plus en plus de frais liés à l’exploitation sont imposables et réduisent ainsi les chances pour les auteurs de toucher des gains. Aujourd’hui, un auteur réalisateur se voit obligé de demander dans le contrat un minimum garanti pour être sûr de toucher des revenus, quelque soit le succès du film. Les avances de minimum garanti alourdissent le budget des films, qui devient de plus en plus conséquent.

  • Sur le problème de disponibilité des oeuvres :

 

Mathieu Debusschère pointe le problème de la disponibilité des films, en dehors de Paris. Il faut réfléchir à des logiques d’exploitation sur une base d’indisponibilité de l’oeuvre. Par exemple, si un film est indisponible en salle dans un rayon de 100km, il pourrait être accessible en e-cinéma à la place. Cela permettrait de mettre dans la boucle à la fois l’exploitant et le distributeur, en terme de redistribution de valeur.

  • Sur la Commission Européenne :

 

La Commission Européenne a une position pan-européenne et pro consommateur. Elle souhaite modifier le régime de la territorialité des droits, qui permet actuellement de financer les films territoire par territoire. L’idée serait ainsi de créer un marché unique, grâce à la vente de licences pan-européennes. Cela pose cependant de nombreux problèmes d’organisation. Premièrement, en termes de financement : le cumul de l’argent touché par film par pays est en effet bien plus important que si le film est vendu en une seule fois à tous les pays. Deuxièmement, il faudrait déterminer le nombre de distributeurs habilités à diffuser le film sur les différents territoires.

MATHIEU DEBUSSCHERE

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